Quand ce sont les maîtresses qui font pleurer les enfants
Quand Il est parfois plus facile de parler d'une situation difficile quand on en voit le bout que lorsque l'on est plongé dedans. Parfois aussi c'est quand les choses redeviennent normales que l'on mesure à quel point elles ne l'étaient pas.
Hier P'Tit Dino, à peine les yeux ouverts, a posé sa question habituelle:
-"Il y a école?", et à la réponse? -"Oui", il a répondu -"Je l'savais" puis est sorti du lit, pour aller tranquillement s'habiller.
Normal? Ben pas chez nous!
Jusqu'à une période très récente, à la même réponse, P'Tit Dino se mettait à hurler
-"Non, j'veux pas y aller. je veux rester dans mon lit, j'suis fatigué! Et puis d'abord l'école c'est trop nul, on n'y apprend rien même pas une chose! Et puis j'ai pas de copains; les enfants y m'embêtent toujours"
S'en suivait ensuite une éprouvante guerre psychologique pour:
1) le sortir du lit
2) le faire s'habiller
3) l'empêcher de retourner se coucher
4) lui faire avaler un petit-déjeuner
5) partir à l'école à peu près à l'heure
le tout en essayant de battre le record du moins de hurlements possibles! P'Tit Dino finissant par faire tout ce qu'on lui demandait mais avec une colère et une rage en lui, qui ressurgissaient à la moindre occasion.
Si cela s'était arrêté au matin, cela aurait pu être supportable. Mais le même comportement se retrouvait chaque veille d'école à partir du moment même où l'on commençait à annoncer les rituels "douche, repas, coucher parce que "demainy'aécole"! Le dimanche soir, annonciateur d'une nouvelle semaine d'école était à ce titre particulièrement redoutable et éprouvant.
Et le petit garçon qui faisait des nuits parfaites depuis ses 2 mois s'est mis à se réveiller en pleine nuit TOUTES les veilles d'école, mettant ensuite plusieurs heures à se rendormir (ce qui forcément ne faisait que compliquer le réveil!).Je ne reconnaissais plus mon fiston, plutôt du genre clown et bon vivant, et avais l'impression de vivre en permanence sous la menace d'une bombe toujours prête à exploser.
Le dit soucis, avait pourtant été clairement identifié par les professionnels qui suivent P'Tit Dino (psy et orthophoniste) et celui-ci étant directement lié à l'école nous avons à plusieurs reprises essayé de tirer la sonnette d'alarme auprès des deux maîtresses. Nous avions même eu une réunion de crise avec les enseignantes et la directrice mais visiblement ça ne suffisait pas à persuader ces dames de faire de la pédagogie différenciée, elles se contentaient de saupoudrer parfois un peu d'activités plus stimulantes pour lui, pour avoir la paix, puis retournaient à leurs exercices "fast-food" (formatés et prêts à utiliser, sans aucun changement).
Jusqu'à ce jour de fin mai, où sans que je comprenne pourquoi, l'une d'elle a eu une vraie illumination! Elle a même cherché à me voir (alors que jusque là elle m'évitait) pour me dire que ce n'était pas possible de continuer comme ça, qu'elle n'avait jamais vu un enfant aussi malheureux à l'école! Et de là, elle s'est mise (spontanément, toute seule, presque d'elle-même hein!) à différencier réellement le travail de P'Tit Dino, à le faire lire (ce qu'il demandait depuis le début de l'année, et à quoi on lui avait répondu qu'on n'apprenait pas à lire en Grande Section!) et à lui donner des exercices de math plus compliqués que de lui demander colorier 8 galettes!!!!
En parallèle, et après avis des spécialistes (qui ont lâche les mots de réelle "phobie scolaire), j'ai pris la (dure) décision de garder P'Tit Dino deux après-midis par semaine histoire de lui permettre de souffler. Je continue parce que je lui avais promis, mais ce ne serait en fait plus la peine tant mon petit bonhomme est métamorphosé! Je ne dis pas qu'il va à l'école en courant, ni en sautant de joie (là on a le droit au décompte quotidien du nombre de jours restant avant les vacances) mais franchement cela n'a plus rien à voir, il raconte ce qu'il y APPREND (ben oui mon fils est un idéaliste convaincu que l'école est faite pour apprendre ;-)) et comme la psy l'avait prédit, comme il va mieux, il arrive beaucoup mieux à s'intégrer et à jouer avec les copains.
Je retrouve donc mon fiston, certes pas toujours un modèle de sagesse, mais au moins nettement mieux dans ses baskets, et gérable à la maison (alors que le "petit machin" qui pleurait et hurlait en permanence me dépassait complètement).
Je croise maintenant les doigts pour que ce retournement de situation suffise à lui faire accepter de retourner à l'école en septembre (sans se rendre malade je veux dire, parce que de toute façon il n'a pas le choix hein!!) mais j'avoue que je suis quand même franchement amère quand je vois jusqu'à quel point il a fallu en arriver pour que ces instits veuillent bien réagir et fassent ce que je considère simplement comme LEUR boulot, à savoir s'adapter aux besoins particuliers de chaque enfant, MEME si je sais que ce n'est pas simple avec 29 enfants dans la classe ;-)